Anna Vergnas est artisane céramiste, elle vit à Marseille depuis 5 ans où elle a récemment installé son atelier au charme désuet, dans le quartier du Camas dans le 5e arrondissement. On aime sa signature, son univers qui ne ressemble qu’ à elle, sa singularité, la rigueur et la douceur qui émanent de ces créations. Rencontre avec une nouvelle invitée de ma rubrique Girls Girls Girls dédiées aux femmes créatives méditerranéennes.
- Je veux bien que tu me dises ce qui fait de toi une fille du sud
Anna : Je suis née et j’ai grandi dans le Lubéron, C’est avant tout cela qui fait de moi une fille du sud. La connaissance de cette culture, de cette façon de vivre, de manger et de parler. Tout ça fait partie de ma vie et m’anime. Mais ce que j’aime au dessus de tout dans le sud, ce sont les odeurs qui rythment les saisons. Je parle autant de la nature que des plats.
- Si tu peux évoquer tes études et ton parcours professionnel.
Anna : J’ai débuté par un bac pro production graphique à Marseille, dans le quartier de Saint Victor (qui a bien changé depuis). Je suis ensuite partie pour suivre des études à Montpellier que je n’ai pas terminé. À 18 ans, je suis partie à Nice pour changer d’air. Je travaillais dans la boutique Agnès b, pendant 3 ans. J’y ai appris beaucoup de choses qui me servent encore aujourd’hui. Le goûts des belles matières, des beaux espaces et les conseils de qualité adaptés à chaque demande de nos clients. Je suis ensuite partie à Paris pour étudier chez les Compagnons du devoir la tapisserie d’ameublement pendant 2 ans en alternance dans une super entreprise (Philippe Coudray). J’ai eu la chance de travailler sur des chantier exceptionnels tel que la magnifique bâtisse de Perrier-Jouët en Champagne ou le bar du George V à Paris. J’ai continué à travailler ensuite dans les décors d’événementiels avant de repartir dans mon sud, à Marseille. Et me lancer dans une formation de tourneur potier à Aubagne. Aujourd’hui j’ai mon joli atelier au 15 rue de Bruys dans le 5ieme où je viens de installer après déjà 5 ans dans la céramique.
- Peux-tu me parler de ton arrivée à Marseille, l’élément déclencheur qui fait que tu t’es installée à Marseille à un moment de ta vie ?
Anna : Je connaissais déjà bien Marseille, pour y avoir vécu pendant mon lycée. J’avais besoin de me rapprocher de ma famille (dans le Luberon) et de mes amis d’enfance. Et surtout de retrouver mon sud. Marseille c’est un bon compris pour moi, c’est une grande ville qui bouge mais qui reste proche de la campagne de laquelle je viens. Cela me permets d’y faire un saut des que j’ai besoin de prendre du recul et de respirer.
Depuis sa création, Marseille a toujours été faite de gens venus d’ailleurs. J’étudie depuis longtemps l’histoire de l’art en parallèle de tout ce que je fais et Marseille ne cesse de me raconter des choses sur son histoire, j’adore !
- Tes tous premiers ressentis la première fois que tu as découvert Marseille ?
Anna : Très mauvais, j’avais 15 ans, je débarquais de ma campagne, c’était en 2009. D’ailleurs Saint-Victor n’était pas encore un quartier bourgeois bohème comme aujourd’hui. L’énergie de la ville était trop violente pour une jeune fille comme moi. Quand j’y suis retourné adulte, il y a 6 ans, après avoir connu d’autres grandes villes et avoir grandi dans celles-ci. Marseille m’a apparu être la plus douce pour y vivre.
- Qu’est ce que Marseille a de différent ? Les rencontres, la lumière, la vibe ..?
Anna : Tout est différent à Marseille. La ville fonctionne avec ses propres règles et ses propres libertés. Ce n’est pas que positif, attention. Mais ça crée des choses qu’on ne voit qu’ici, je crois. Les gens se parlent pour s’engueuler ou échanger, mais ils se parlent. La lumière c’est celle du sud, moi je ne peux pas faire sans, tout simplement. Pour ce qui est des rencontres, c’est vrai que l’on en fait des nouvelles assez facilement. J’ai quand même l’impression qu’on se mélange plus facilement qu’ailleurs. C’est ce qui crée une ambiance bien méditerranéenne comme je les aime ! Mais il ne fait pas oublier qu’il y a énormément de difficultés pour beaucoup dans beaucoup de domaines. On a tendance à les oublier au détriment des articles de déco/lifestyle bobo. Mais Marseille compte aussi énormément de misère. Il faut pas l’invisibiliser et en faire une carte postale de la new wave française.
Si tu peux aussi me parler un peu de toi, de ce que tu aimes, de ton amour pour ton travail, de tes projets et rêves…
Anna : Aujourd’hui je ne me vois pas arrêter ce métier. J’ai toujours voulu être artisane d’art ! Et la douceur que m’apporte la céramique me plaît beaucoup. Ça n’enlève pas le fait que ça reste un artisanat très physique ! J’ai développé une ligne de carreaux en hauts et bas reliefs, qui, j’espère pourrons très bientôt habiller des lieux qui me parlent. Je me concentre sur le travail de mes vases et des coupes à pieds. Ce sont des pièces uniques qui me transportent particulièrement. Que ce soit dans les techniques de façonnage, très longues et très fastidieuses. Mais aussi dans leurs formes, que je nourris tout le temps de mes nombreuses recherches et documentations des pièces de l’antiquité à la renaissance mais aussi des poteries du sud, de mes souvenirs d’enfance. Je crée mes pièces en passant énormément de temps à me documenter. Mon idéal de vie professionnelle serait de continuer à travailler dans mon atelier avec Walter, mon grand teckel d’amour, tout en croisant mes savoirs-faire en décors pour des professionnels. Je travaille déjà pas mal pour des designers et architectes d’intérieur pour le façonnage de leurs pièces en céramique mais j’aimerais pouvoir utiliser mon savoir faire dans la tapisserie d’ameublement, les décors de lieux où d’événements. Je trouve ça merveilleux d’utiliser mes différentes casquettes !