Les photographies de Justine nous redonne de l’espoir. De l’espoir en l’humanité, rien que ça. On comprend, assez vite, qu’au fil de ses expériences, elle a appris à écouter ses ressentis, et à s’intéresser au monde qui l’entoure avec beaucoup de simplicité, de beauté et de générosité. Les gens qu’elle photographie lui ressemblent et sont, au final, presque autant d’autoportraits. Ils partagent la même franchise de cœur, l’amour de la nature, et la quête d’un horizon ensoleillé.
Je veux bien que tu me parles de ton parcours professionnel
Justine Hern : J’ai fait des études de direction artistique, à Aix en Provence (5 années dont la dernière en alternance). Au départ, très tournées vers l’expérimentation (autoportraits, maîtrise du dessin, de la peinture, de la couleur, un peu de photo aussi). Puis au fil du cursus, on commence à intégrer des cas pratiques : création de marque, lifting, publicité, design éditorial. Ma dernière année était en alternance, je l’ai faite entre Paris et Aix, dans une boite de pub. J’ai très très vite compris, dès le deuxième jour en fait – je m’en souviendrai toute ma vie – que j’allais pas pouvoir me conformer aux attentes de l’agence, à ce monde, l’état d’esprit, le rythme, les sujets traités … ça a été la désillusion ! Comment les études ont pu autant m’éclater, comment on a pu autant nous pousser à la créativité, à aller chercher en nous des choses, à expérimenter, et comment la réalité peut être si loin de ce qu’on m’a fait miroiter ? Un monde dicté par l’argent, des horaires pas possible, des charrettes, des compétitions en permanence, aucune reconnaissance, de la représentation sociale, aucune conscience, des vies qui évoluent en parallèle & s’engluent… Et surtout, surtout, surtout, tel budget dicte telle créativité. Diplôme en poche, dès le lendemain, je créai mon statut d’autoentrepreneur. J’ai vite compris que j’étais faite pour des équipes entre 3 et 5 personnes : de l’humain !! Je vous en prie. A Paris, j’ai aussi commencé à bosser pour des particuliers, faire des identités pour des restaurants, marques, particuliers …
Suite à une prise de conscience totale & un éveil à l’urgence climatique profond, en 2016, cette parenthèse Parisienne désalignée, devenait de plus en plus viscéralement compliquée à vivre. La nature, l’horizon, le soleil me manquaient. Mon chéri m’a rejoint, il n’a clairement pas adhéré à cette vie à 200 000 à l’heure, bétonnée. On a pris nos cliques et nos claques, et en 15 jours on partait dans le sud de la France, pour poser nos bagages avant de nous envoler pour la Réunion !
J’ai profité de ce temps là pour faire une formation en permaculture dans le nord de l’île, avec un formateur fabuleux, et j’ai randonné toute l’année, j’ai appris à vivre au ralenti. A prendre le temps, à retrouver un rythme de vie, vital, normal. Après cette parenthèse parisienne, qui m’avait finalement bien amochée. Cette formation a été une révolution pour moi, en moi. Çà a été le début d’une nouvelle vie, et la quête d’un alignement permanent. Dès lors, j’ai choisi de consacrer mon regard et mes compétences de designer graphique à la valorisation de ceux qui prenaient soin de la terre. J’ai commencé les woofings et jonglé entre ça et le design (j’accompagnai des producteurs, des vignobles…). Et de fil en aiguilles, Studio Payol est né (de la volonté de porter des récits seulement en PACA, initialement), j’ai commencé à publier mes images… Et voilà on en est là !J’ai complètement délaissé le graphisme, le boulot d’ordinateur, j’ai adhéré à une vie nomade, je suis partie à la rencontre d’artisans, de paysans.
Quel lien tu entretiens avec le sud de la France ?
J H : Je suis née ici, j’ai grandit ici. Ma vie a été bercée, par ce calme, cet horizon, le ressac des vagues, le cagnard très souvent, l’odeur de la garrigue, les balades. Basculer de la mer à la colline, de la ville aux villages. La lumière d’ici me touche profondément, et quand je suis partie, je me suis rendue compte que chaque lieu avait sa propre lumière, sa propre odeur aussi. Celles du Var, sont celles dont je me sens la plus proche, celles qui me rappellent d’où je viens.
Ma vie a été bercée, par ce calme, cet horizon, le ressac des vagues, le cagnard très souvent, l’odeur de la garrigue, les balades. Basculer de la mer à la colline, de la ville aux villages. La lumière d’ici me touche profondément.
Si tu devais définir Toulon (et sa région) en quelques lignes. Comme si tu décrivais une personne ou que tu racontais une petite histoire que dirais-tu ?
J H : Des collines couvertes de pins et de beaux chênes lièges qui l’entourent d’une ceinture de verdure, des marins, la rade, le Mont-Faron, le cours Lafayette, le stade Mayol, le Rugby club toulonnais… Toulon, ville unique en son genre. Ville de contrastes. La ville et la mer réunies.Et puis, pas bien loin, on est déjà à Giens, à St Mandrier, au Gaou… Ou bien, au Castellet, au Beausset… Toulon rayonne. Qu’on vive dans un de ces villages ou non, c’est à Toulon qu’on se sent rattaché, pas à une autre ville. L’agglomération Toulonnaise, c’est de la douceur de vivre aussi, un climat qui amène ça, des lieux propices à la flânerie, le charme discret de ses quartiers, de ses campagnes, sans prétention ni snobisme.
Tes spots préférés à Toulon et dans le sud ?
J H : Nos sentiers du littoral, certaines criques cachées, les collines… Ce que j’aime ici, c’est qu’on est entre monts et mer et j’ai besoin des deux, vraiment ! Ça fait parti de mon équilibre. Un matin en rando, on voit la mer de loin, casse dalle & sieste qui vont bien, apéro et coucher du soleil à la mer avec les copains. J’ai pas trouvé d’égal aussi doux ailleurs. « Il n’est rien de plus beau que la dentelure maritime de la côte toulonnaise. Nous sommes là dans un site admirable. C’est beau comme dans un rêve. » écrivait George Sand. J’aime tellement ces mots. Si je devais citer un seul spot, ce serait le Venus du Gaou. Marina & Arnaud, ont repris ce restaurant, il y a déjà 10 ans. C’est sans prétention, c’est simple, authentique. Une valeur sûre, des sourires garantis, on s’y sent un peu comme à la maison… Et comme le Gaou c’est un peu l’endroit doudou, on est très reconnaissant qu’ils aient donné une si belle vie à ce spot qu’on aime tous !
Ce qui est certain c’est que je suis passionnée par tout ce que j’entreprends ! Je peux être révoltée, profondément utopiste, mais aussi terre à terre, et une grande travailleuse. Paradoxalement, aussi, face à tous ces combats, je me dis parfois que rien n’est si important. A part l’amour, les rires, ce qui nous lie, ce qui nous fait vibrer.
Un jour, François Piccione m’a contacté, il avait un podcast qui cartonnait ; les Nouveaux Aventuriers. Bobine est né de notre rencontre. L’envie commune d’(e)ancrer des histoires durablement.
Si tu peux aussi me parler un peu de toi, de ce que tu aimes, de ton travail, de tes projet et de tes rêves…
J H : Mon travail a pris racine dans des prises de conscience violentes, un besoin de s’engager, de célébrer, de défendre, de représenter, de raconter. Ces racines, ces sujets qui m’animent au quotidien et ces rencontres font que mon travail ne peut être un long fleuve tranquille. Je crois que mon rêve c’est de poursuivre, cette quête de sens, de ne jamais me satisfaire de quelque chose qui ne sonne pas juste, par crainte de tout déstabiliser. Je pense que l’alignement, amène à l’abondance, que s’écouter, c’est aller vers soi. Je souhaite, savoir mieux identifier mon énergie et mes fondamentaux pour être capable de faire des choix, parfois pour trouver un équilibre et apprendre à danser entre ces vagues de doutes, de colère et de joie intense. J’essaie d’être patiente avec moi même, de laisser le temps au temps. Tout s’articule et chaque phase se soutient. Ce qui est certain c’est que je suis passionnée par tout ce que j’entreprends, je peux être révoltée, profondément utopiste, mais aussi terre à terre, et une grande travailleuse. Paradoxalement, aussi, face à tous ces combats, je me dis parfois que rien n’est si important. A part l’amour, les rires, ce qui nous lie, ce qui nous fait vibrer. Alors, quand ça fait moins vibrer, il faut changer de cap, toujours avec les mêmes valeurs en gouvernail.