Bénédicte est la créatrice de Roche Atelier , un atelier de céramique situé dans le quartier des Chartreux à Marseille. Une ode aux objets du quotidien sous toutes ses formes. Avec pour point de départ la matière brute qu’elle transforme en œuvre poétique à la manière d’une alchimiste. L’expérimentation est au cœur de son travail artistique, notamment à travers l’exploration des émaux à base de cendres végétales qui confèrent à ses créations une aura toute particulière. La photographie occupe aussi une place importante avec une sélection de tirages argentiques et numériques. Bienvenue dans l’univers de Bénédicte Lacorre, nouvelle invitée de ma rubrique Girls Girls Girls.
Je veux bien que tu me dises ce qui fait de toi une fille du sud ?
Bénédicte Lacorre : A vrai dire je suis au départ plutôt une fille du nord, j’ai grandi en banlieue parisienne et j’ai passé beaucoup de temps en Bretagne ou encore en Alsace. Ce qui fait de moi une fille du sud est probablement pour commencer mon amour pour la cuisine méditerranéenne que je connaissais assez peu, et que j’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir. Je suis aussi très attachée aux savoirs-faire traditionnels et artisanaux et cette région en est très riche.
Peux tu peux évoquer tes études et ton parcours professionnel ?
Bénédicte : J’ai fait des études artistiques, j’ai passé un an à l’École des Beaux-arts du Mans où j’ai beaucoup pratiqué la photographie, puis j’ai passé 5 ans à la Haute École des Arts du Rhin à Strasbourg. J’y ai développé une pratique multiple autour de différents medium, que ce soit de l’image ou de l’objet. J’ai un intérêt tout particulier pour la photographie et l’édition. J’ai participé à différentes expositions et résidences artistiques, en France et à l’étranger. Assez vite je me suis rendue compte que le monde de l’art contemporain n’était pas fait pour moi, je ne m’y suis jamais sentie à l’aise, ni à ma place. En 2018 j’ai voulu me spécialiser dans la céramique et apprendre un métier manuel, j’ai donc passé mon CAP de tournage en céramique à Aubagne. Depuis, j’ai beaucoup pratiqué la céramique et développé principalement une gamme d’objets usuels, de la vaisselle aux objets de décoration. Je suis désormais installée dans un atelier aux Chartreux où j’ai créé Roche Atelier en 2023.
Peux-tu me parler de ton arrivée à Marseille, l’élément déclencheur qui fait que tu t’es installée à Marseille à un moment de ta vie ?
Bénédicte : Je pense que j’avais profondément besoin de changement, j’ai découvert Marseille à travers une personne que j’aimais beaucoup et qui m’a transmis tout son amour pour cette ville. Je me suis installée ici sans connaître personne, je voulais en être capable et me sentir libre, commencer quelque chose de nouveau et lumineux.
Je crois qu’ avec Marseille j’ai une relation d’amour / haine, tout peut être si beau, intense et vivant, comme nulle part ailleurs où j’ai vécu. Tout peut aussi basculer très vite, c’est une ville pleine de misère avec beaucoup de brutalité, de monde, de bruit, qui peut être violente et usante.
Après 6 ans à Marseille j’ai fini par comprendre que pour continuer de l’aimer, j’avais besoin de trouver des lieux qui m’apportent de l’apaisement, comme des refuges qui me rappellent que c’est une ville qui peut être douce.
Quels ont été tes tous premiers ressentis la première fois que tu as découvert Marseille ?
Bénédicte : Je crois que je me suis demandée ce que je foutais là, comme si tout allait à mille à l’heure, une forme d’intensité qui s’est très vite transformée en un attachement profond.
Qu’est ce que Marseille a de différent ? Les rencontres, la lumière, la vibe ..?
Bénédicte : Pour commencer, la mer ; même après toutes ces années je crois que je n’en reviens pas, je trouve ça merveilleux d’habiter au bord de la mer. ça nous lave de tout. Ensuite une lumière et un soleil sans égal, ce qui apporte une douceur de vivre très particulière qui m’était inconnue. Ici les gens parlent fort, ils s’insultent aussi, mais c’est vrai que les gens se parlent très facilement dans la rue ce qui peut donner l’impression de vivre dans un petit village au sein d’une très grande ville. Il y a une forme de légèreté très singulière, qui a aussi ses penchants négatifs. C’est une ville incroyablement contrastée et particulière qui a beaucoup à donner.
Tes spots préférés à Marseille ?
Bénédicte : J’adore Noailles, c’est le premier quartier où j’ai vécu en arrivant ici. C’est un endroit incroyable pour trouver des choses à manger bon marché, c’est comme un petit village, les gens discutent, mangent dans la rue, des chats se baladent partout dans les boutiques… C’est vivant. J’y suis très attachée. La côte bleue où on peut se rendre en train avec une magnifique vue sur la mer, et des calanques très tranquilles.
Si tu peux aussi me parler un peu de toi, de ce que tu aimes, de ton amour pour ton travail, de tes projets et rêves…
Bénédicte : Au-delà de ma passion pour la céramique, je crois que j’aime profondément créer des objets pour la maison. De beaux objets qui apportent de la douceur et de la poésie pour confectionner un espace à soi, qui nous accompagnent dans notre quotidien par leur présence et leur énergie. Je suis très attachée à l’univers domestique et de l’intime, c’est aussi ce qui m’a toujours intéressée dans ma pratique photographique. Aujourd’hui j’aimerais avoir le temps de me replonger dans la photo, de ne pas mettre cette pratique de côté, et même explorer des choses autour du textile. La céramique est déjà très prenante pour moi, donc j’apprends à être patiente et à me laisser du temps. Plus le temps passe plus je rêve d’avoir une petite maison et atelier à la campagne, avec un jardin où planter des fleurs, toujours proche de la mer, alors ce sera peut-être ça mon projet/rêve à venir !